19
Faux orgueil

 

 

— Il est vivant, émit le soldat à Jarlaxle, alors qu’il examinait le rôdeur après sa chute.

Le chef mercenaire ordonna d’un geste à son soldat de retourner Drizzt, de façon que celui-ci ait la tête hors de l’eau, puis il regarda de l’autre côté du lac calme, conscient que les échos des combats s’étaient clairement répercutés sur les eaux. Il aperçut d’ailleurs sur la rive opposée la lueur bleu pâle caractéristique de disques dérivants, ces disques d’énergie volants qui servaient essentiellement à transporter des Mères Matrones à travers la cité. Des soldats de la Maison Baenre étaient à bord, Jarlaxle en était certain.

— Laisse-le, ordonna-t-il à son soldat. Avec son équipement.

Comme saisi d’une idée subite, Jarlaxle porta encore son sifflet à la bouche et en fit sortir une note aiguë en regardant Drizzt. Le dweomer de l’instrument lui indiqua que le rôdeur portait une armure magique, au moins aussi fine que celles des drows, puis le mercenaire soupira quand il vit l’intensité de l’enchantement de Scintillante. Il aurait adoré ajouter ce cimeterre à son armurerie, cependant il était de notoriété publique à Menzoberranzan que Drizzt Do’Urden combattait avec deux cimeterres. Si l’un d’eux manquait, Jarlaxle n’y gagnerait que des ennuis de la part de Matrone Baenre.

Drizzt ne portait pas beaucoup d’autres choses enchantées, à l’exception d’un objet, dont la puissante magie brillait de teintes communes aux charmes et qui attira l’attention du méfiant drow, qui utilisait à merveille ce genre d’outil.

Quand il eut installé le rôdeur inconscient, le visage au-dessus de l’eau boueuse, le soldat revint vers Jarlaxle, qui l’arrêta.

— Empare-toi du pendentif, lui ordonna-t-il.

Le drow se retourna et parut remarquer pour la première fois les disques dérivants qui approchaient.

— Les Baenre ? demanda-t-il à voix basse à son supérieur.

— Ils trouveront leur proie et Matrone Baenre saura qui lui a offert Drizzt Do’Urden, répondit Jarlaxle, confiant.

 

* * *

 

Entreri n’avait pas l’intention de se demander quelle drow il allait tuer cette fois. Il travaillait avec Bregan D’aerthe et cette elfe noire, comme celle dans la cabane en champignon, était intervenue et était un témoin.

Il fut tout de même freiné par un regard, tombant à point nommé, qu’il porta sur un objet familier, une dague incrustée de bijoux accrochée à la ceinture de sa victime.

Il examina alors de près cette drow, dont le cou était toujours menacé par la pointe de l’épée, qui faisait déjà couler quelques gouttelettes de sang. Il modifia avec adresse l’angle de la lame, faisant ainsi apparaître un léger pli sur la peau de la jeune femme.

— Que fais-tu ici ? haleta-t-il, totalement stupéfait.

Il savait que la jeune femme n’était pas venue à Menzoberranzan avec Drizzt : le conseiller Firble de Blingdenpierre n’aurait pas manqué de le préciser et Jarlaxle aurait été au courant de sa présence !

Et pourtant, elle était ici, pleine de ressources à un point surprenant.

Entreri pressa encore son épée sur le cou de sa prisonnière puis, délicatement, il en glissa la lame sous le pli qu’il avait repéré sous le menton et ôta le masque magique.

Catti-Brie luttait de toutes ses forces pour surmonter la terreur qui grandissait en elle. Cet instant ressemblait trop à la première fois où elle s’était retrouvée prise dans les griffes d’Artémis Entreri ; l’assassin déclenchait en elle un effroi presque irrationnel, une peur profonde qu’aucun autre monstre, pas même un dragon ou un démon de Tartérus, n’était capable de lui inspirer.

Il était de nouveau devant elle, étonnamment vivant, son épée plaquée contre sa gorge vulnérable.

— Une prime inattendue, lâcha-t-il, avant de glousser, l’air mauvais, comme s’il réfléchissait à la façon de profiter au mieux de sa prisonnière.

Catti-Brie envisagea de sauter par-dessus le bord de la corniche : elle y aurait cependant réfléchi à deux fois si elle s’était trouvée près d’un gouffre de trois cents mètres ! Elle sentit les poils de sa nuque se hérisser, tandis que son front se baignait de sueur.

— Non, dit-elle, ce qui rendit l’assassin perplexe.

— Non ? reprit-il en écho, sans comprendre que la jeune femme s’était adressée à elle-même.

— Ainsi, tu as survécu, lui dit-elle, le regardant droit dans les yeux. Et maintenant, tu vis parmi ceux qui te ressemblent le plus.

Elle devina à la grimace que laissa alors échapper son tortionnaire que celui-ci n’avait pas apprécié cette description. Il confirma cette impression en la frappant de la poignée de son épée, ce qui la marqua sur la joue et la fit saigner du nez.

Catti-Brie esquissa un mouvement de recul mais se reprit aussitôt et le dévisagea sans ciller, bien résolue à ne pas lui offrir la satisfaction de la voir terrorisée. Pas cette fois.

— Je devrais te tuer, murmura Entreri. Lentement.

— Vas-y, alors, lui répondit-elle en riant. Tu n’as aucune prise sur moi, pas depuis que je sais que Drizzt est plus fort que toi.

Soudain fou de rage, Entreri faillit la transpercer d’un coup d’épée.

— Était, corrigea-t-il, avant de jeter un regard mauvais vers le précipice.

— Je vous ai tous les deux vus chuter plus d’une fois, rétorqua Catti-Brie, avec autant de conviction qu’elle parvint à en exprimer en ce pénible moment. Je ne tiendrais aucun de vous deux pour mort avant d’avoir touché son cadavre refroidi !

— Drizzt est vivant, intervint une voix, tout juste un murmure, jailli derrière eux en une parfaite langue commune de la surface.

Jarlaxle et deux soldats de Bregan D’aerthe rejoignirent l’assassin. L’un d’eux s’arrêta, le temps d’achever le drow blessé au flanc, qui s’agitait encore.

Dominé par sa rage, Entreri essaya de frapper sa prisonnière, qui cette fois dévia d’une main ferme le coup qui lui était destiné.

Jarlaxle s’interposa en un instant entre les deux humains et gratifia Catti-Brie d’un regard chargé d’un intérêt plus que passager.

— Par la chance des araignées bénies par Lolth, dit-il, avant de caresser la joue meurtrie de la jeune femme.

— Baenre approche, lui fit remarquer en langue drow le soldat posté derrière lui.

— En effet, répondit-il sur un ton quelque peu absent, visiblement totalement absorbé par l’exotique créature qui se tenait devant lui. Il faut partir.

Catti-Brie se raidit, redoutant un coup mortel imminent ; heureusement Jarlaxle se contenta de tendre la main et d’ôter le bandeau qu’elle portait sur la tête, ce qui la plongea dans l’obscurité. Elle ne résista pas davantage quand Taulmaril et son carquois lui furent retirés, puis elle reconnut la poigne brutale d’Entreri quand celui-ci s’empara de la dague incrustée de bijoux.

Une main puissante, mais étonnamment douce, la prit par le haut du bras et la guida, l’éloignant de l’endroit où Drizzt était tombé.

 

* * *

 

Encore prisonnier, songea Drizzt, qui savait que cette fois l’accueil ne serait pas aussi chaleureux qu’à Blingdenpierre. Il s’était dirigé droit sur la toile d’araignée et s’était offert comme un mets de valeur pour le dîner.

Enchaîné à un mur et contraint de se maintenir sur la pointe des pieds afin de ne pas rester suspendu par ses poignets douloureux, il ne se rappelait pas être entré dans cette pièce, pas plus qu’il ne savait depuis combien de temps il était retenu dans cet endroit sombre et crasseux. Grâce à son infravision, il voyait que ses poignets étaient sévèrement marqués, comme s’ils avaient été écorchés. Il souffrait également de l’épaule gauche et ressentait une désagréable élongation entre le haut du torse et l’aisselle, où l’épée d’Entreri l’avait touché.

Il remarqua qu’une prêtresse avait tout de même dû nettoyer sa blessure et le soigner, cette entaille ayant été plus inquiétante au moment où il avait basculé par-dessus la corniche. Cette pensée ne rassura que très peu le rôdeur, les drows ayant pour habitude d’offrir à la Reine Araignée des sacrifiés en pleine forme physique.

Malgré la douleur et le désespoir, il tenta de son mieux de voir le bon côté des choses. Il avait toujours su, au plus profond de son cœur, qu’il connaîtrait une telle fin, qu’il serait capturé et tué pour que ses amis de Castelmithral puissent vivre en paix. Il avait depuis longtemps accepté l’idée de la mort et s’était résigné à cette éventualité quand il avait quitté pour la dernière fois Castelmithral. Mais alors, pourquoi se sentait-il si mal à l’aise ?

Cette pièce banale n’était qu’une cave dans laquelle des chaînes avaient été scellées dans trois de ses murs de pierre et où une cage était suspendue au plafond. Drizzt fut interrompu dans son observation des lieux quand la porte gainée de fer s’ouvrit dans un craquement. Deux soldates drows entrèrent aussitôt et se placèrent au garde-à-vous, chacune d’un côté du seuil.

Drizzt serra la mâchoire et leva les yeux, déterminé à affronter la mort avec dignité.

Un illithid pénétra dans la pièce.

Le rôdeur en resta bouche bée quelques instants, avant de se reprendre. Un flagelleur mental ? Après s’être quelque peu dérobé face à cette vision, il prit le temps d’observer la créature et se rendit compte qu’il se trouvait probablement dans le donjon de la Maison Baenre, ce qui n’était guère rassurant, ni pour lui ni pour ses amis.

Deux prêtresses drows, une petite à l’air agressif, les traits anguleux et le visage paré d’une perpétuelle moue, et une autre, plus grande et d’apparence plus sérieuse mais tout aussi impressionnante, suivirent de près l’illithid. Vint ensuite la légendaire Mère Matrone, vieillie, confortablement installée sur un disque dérivant flottant et accompagnée d’une autre drow, version plus jeune et plus belle de Matrone Baenre. Enfin, le cortège se termina par deux elfes noirs, deux combattants, à en juger par leur équipement et leurs armes.

La lueur émise par le disque de Matrone Baenre permit à Drizzt de repasser en vision ordinaire, ce qui lui donna l’occasion de remarquer un tas d’os sous l’une des autres paires de chaînes.

Il reporta son attention sur les nouveaux venus, notamment sur les deux guerriers, et son regard se riva un long moment sur le plus jeune d’entre eux, en qui il pensait reconnaître Berg’inyon, un camarade de classe qu’il avait connu à l’Académie drow, le deuxième meilleur combattant de sa promotion… derrière lui.

Les trois jeunes elfes noires s’alignèrent derrière le disque dérivant de Matrone Baenre et les deux guerriers se placèrent aux côtés des deux soldates, près de la porte. Quant à l’illithid, Drizzt eut la désagréable surprise de le voir effectuer quelques pas devant lui, ses tentacules s’agitant devant son visage et lui effleurant la peau, comme pour le taquiner. Le rôdeur, qui cherchait pourtant à se calmer malgré la proximité de cette maudite créature, fut incapable de songer à autre chose qu’au fait qu’il avait déjà vu de tels appendices aspirer l’esprit d’un elfe noir.

— Drizzt Do’Urden, laissa tomber Matrone Baenre.

Elle connaissait son nom. Drizzt comprit que c’était mauvais signe et fut de nouveau envahi par cet écœurant sentiment de malaise, dont il commençait à comprendre l’origine.

— Pauvre idiot ! s’écria soudain la Mère Matrone. Venir à Menzoberranzan sachant que ta pitoyable tête est mise à prix ! (Elle descendit du disque et gifla le prisonnier.) Pauvre idiot arrogant ! Tu as osé croire que tu pouvais l’emporter ? Te pensais-tu capable de détruire ce qui existe depuis cinq mille ans ?

Cet éclat surprit Drizzt, qui conserva toutefois une expression impassible, le regard fixe devant lui.

Matrone Baenre laissa alors brusquement apparaître un sourire ironique. Drizzt avait toujours détesté ce trait caractéristique de son peuple. Versatiles et imprévisibles au plus haut point, les elfes noirs ne cessaient de surprendre leurs ennemis comme leurs alliés, ne permettant jamais à un prisonnier ou un invité de deviner le fond de leurs pensées.

— Oublie ton orgueil, Drizzt Do’Urden, gloussa Matrone Baenre. Je te présente ma fille Bladen’Kerst Baenre, la plus âgée après Triel. (Elle désigna ensuite la drow qui se tenait entre les deux autres, puis la plus petite :) Et voici Vendes Baenre et Quenthel. Derrière elles se trouvent mes fils Dantrag et Berg’inyon, que tu connais déjà.

— Salutations, dit Drizzt avec entrain à Berg’inyon, parvenant même à esquisser un sourire avant de recevoir une nouvelle gifle de la part de la Mère Matrone.

— Six Baenre se sont déplacés pour te voir, Drizzt Do’Urden, dit-elle. Tu devrais te sentir flatté, Drizzt Do’Urden.

— Je vous serrerais volontiers dans mes bras mais…

Tout en souhaitant qu’elle cesse de prononcer son nom à chaque phrase, il jeta un regard impuissant à ses poignets entravés afin d’illustrer ses paroles. Il broncha à peine quand une gifle supplémentaire prévisible claqua sur sa joue.

— Tu sais que tu vas être offert à Lolth, enchaîna Baenre.

— Mon corps, peut-être, mais certainement pas mon âme, rétorqua Drizzt en la regardant droit dans les yeux.

— Bien, roucoula la vieille drow. Tu mourras lentement, je te le promets. Tu vas devenir une véritable mine d’informations, Drizzt Do’Urden.

Pour la première fois depuis le début de cette entrevue, les traits du prisonnier s’assombrirent.

— Je peux le torturer, Mère, proposa Vendes avec enthousiasme.

— Duk-Tak ! s’exclama la Mère Matrone en se retournant vivement vers sa fille.

— Duk-Tak, marmonna Drizzt en reconnaissant ce nom. Merveilleux…

Cette expression drow, « duk-tak », pouvait littéralement se traduire par « exécuteur inavouable ». Il s’agissait également du surnom de l’une des filles Baenre – celle-ci, visiblement – dont les œuvres, qui prenaient la forme d’elfes noirs changés en statues d’ébène, étaient souvent exposées à l’Académie drow.

— Tu as entendu parler de ma chère fille ? lui demanda Matrone Baenre. Elle passera du temps avec toi, je te le promets, Drizzt Do’Urden, mais pas avant que tu m’aies fourni des informations essentielles. (Le rôdeur laissa échapper un regard dubitatif.) Tu peux supporter n’importe quelle torture, je n’en doute pas, pauvre idiot, mais sauras-tu résister aux intrusions d’un flagelleur mental ?

Et la vieille drow de caresser d’une main ridée l’illithid, qui s’était approché d’elle.

Drizzt se sentit blêmir. Autrefois malheureux prisonnier de ces êtres cruels, son esprit avait presque été détruit par leur volonté surpuissante. Serait-il cette fois capable de repousser de telles attaques ?

— Tu pensais nous achever, pauvre idiot ! poursuivit Matrone Baenre, qui criait à présent. En réalité, tu nous as offert notre proie, stupide, arrogant et pauvre idiot !

Drizzt éprouvait désormais cette sensation de malaise au centuple. Il ne put retenir un mouvement de recul, tandis que la Mère Matrone poursuivait, sa logique suivant un cours inéluctable jusqu’au cœur de Drizzt Do’Urden :

— Tu es une belle prise et tu nous aideras à en conquérir une autre. Nous prendrons Castelmithral d’autant plus facilement que le plus puissant allié du roi Bruenor Marteaudeguerre est écarté. C’est précisément cet allié qui nous indiquera les faiblesses des nains.

» Methil !

Sur cet ordre, l’illithid s’approcha de Drizzt, qui ferma les yeux mais sentit les tentacules aux allures de membres de pieuvre de la tête de cette monstrueuse créature s’agiter devant son visage, comme à la recherche de certains points précis.

Il poussa un cri de terreur et secoua violemment la tête, parvenant même à mordre l’un des appendices.

L’illithid recula.

— Duk-Tak ! ordonna Matrone Baenre.

L’impatiente Vendes se précipita et frappa le prisonnier sur la joue de son poing recouvert de cuivre. Elle enchaîna avec deux autres coups, de plus en plus appuyés, se nourrissant de cette torture.

— Doit-il rester conscient ? demanda-t-elle d’une voix implorante.

— Assez !

Drizzt avait entendu la réponse de Matrone Baenre, dont la voix lui avait pourtant paru très lointaine. Vendes le frappa encore une fois puis il sentit de nouveau les tentacules lui effleurer le visage. Il essaya de protester, de secouer la tête, hélas il n’en avait plus la force.

Les tentacules trouvèrent une prise ; Drizzt sentit de légères impulsions énergétiques lui parcourir le visage.

Les cris qu’il poussa au cours des dix minutes qui suivirent ne furent que pur instinct primaire, alors que le flagelleur mental sondait son esprit, envoyait d’affreuses images qui faisaient vaciller ses pensées et engloutissaient toute opposition mentale que Drizzt pouvait espérer dresser. Il se sentait nu, vulnérable, débarrassé de ses émotions propres.

Malgré tout, et même s’il n’en avait pas conscience, Drizzt luttait vaillamment, si bien que Methil finit par s’écarter et adresser un haussement d’épaules à Matrone Baenre.

— Qu’as-tu appris ? demanda cette dernière.

Il est fort, répondit l’illithid par télépathie. D’autres séances seront nécessaires.

— Continue ! lâcha Baenre.

— Il en mourrait, expliqua Methil d’une voix gargouillante. Demain.

Matrone Baenre prit quelques instants pour réfléchir avant de hocher la tête. Elle se tourna ensuite vers Vendes, sa terrible Duk-Tak, et claqua des doigts, ce qui libéra la drow enragée, qui se rua sauvagement sur le prisonnier.

Drizzt sombra dans les ténèbres.

Nuit sans étoiles
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